Une semaine pour définir l'avenir du plastique

Le dernier cycle des négociations pour un traité mondial contre la pollution plastique s'ouvre à Busan, après une COP29 décevante.

La pollution plastique est si répandue qu'elle a même été détectée dans les nuages, dans les plus profondes fosses océaniques et dans pratiquement toutes les parties du corps humain y compris le cerveau et le lait maternel. © KEYSTONE/AP/Son Hyung-joo

Le cinquième et dernier cycle des négociations sur un traité mondial contre la pollution plastique s'est ouvert lundi à Busan, en Corée du Sud. Une réunion qui a lieu au lendemain de la fin chaotique de la COP29 sur le climat à Bakou, dont les résultats ont déçu.

"Cette conférence est bien plus que la rédaction d'un traité international. C'est l'humanité qui se mobilise face à une menace existentielle. Les décisions que nous prendrons dans les sept prochains jours façonneront l'histoire", a déclaré lundi le diplomate équatorien qui préside les débats, Luis Vayas Valdivieso.

Il a rappelé que les 178 pays qui participent aux négociations ont "63 heures de travail" devant eux pour s'entendre sur des questions épineuses. Il y a par exemple le plafonnement de la production de plastique ou l'interdiction éventuelle de substances chimiques toxiques.

La pollution plastique est si répandue qu'elle a même été détectée dans les nuages, dans les plus profondes fosses océaniques et dans pratiquement toutes les parties du corps humain, y compris le cerveau et le lait maternel.

Une production toujours croissante

La quantité de plastique dans le monde a doublé depuis 2000, et risque encore de doubler d'ici à 2040, alerte l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Plus de 90% n'est jamais recyclé et 20 millions de tonnes finissent chaque année dans la nature, souvent après seulement quelques minutes d'utilisation. Le plastique représente aussi 3% des émissions mondiales de carbone, principalement en raison de sa production à partir de combustibles fossiles.

"Nous devons mettre un terme à la pollution plastique avant que la pollution plastique mette un terme a l'humanité", a renchéri lundi le ministre sud-coréen de l'environnement, Kim Wan-sup, dont le pays, hôte de la conférence, est le quatrième producteur mondial de plastiques.

Deux camps opposés

A Busan, deux camps s'opposent. Il y a d'abord la "coalition des hautes ambitions" (HAC) qui regroupe de nombreux Etats africains, européens et asiatiques. Ces pays veulent un traité couvrant l'ensemble du "cycle de vie" des plastiques, de la production aux déchets.

La HAC milite pour des objectifs mondiaux contraignants de réduction de la production et des déchets, et pour imposer des changements dans la conception des plastiques pour faciliter leur réutilisation ou leur recyclage. Elle a mis en garde contre les "intérêts particuliers" qui pourraient faire capoter un accord.

Dans le camp adverse, d'autres pays, principalement des gros producteurs de pétrole comme la Russie et l'Arabie saoudite, voudraient que le traité ne concerne que la gestion des déchets. Les querelles ont commencé dès l'ouverture des débats, l'Inde, la Russie et le groupe des pays arabes exigeant que toute décision soit adoptée par consensus et non à la majorité.

Ces mêmes divisions ont paralysé les quatre précédents cycles de négociations, qui ont abouti à un projet de traité de plus de 70 pages totalement abscon et irréalisable, de l'avis général.

Pour tenter de débloquer la situation, M. Vayas Valdivieso a rédigé un projet alternatif. Plus lisible, le texte de 17 pages met l'accent sur les terrains d'entente, comme la nécessité de promouvoir les plastiques réutilisables. Mais il laisse de côté les questions les plus controversées, au grand dam des pays les plus ambitieux et des organisations écologistes.

ATS - Mattia Pillonel
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