Urgences: "Chaque soir, on atteint le niveau critique"
Hausse du nombre de patients, risque de surcharge, qualité des soins: entretien avec Vincent Ribordy, médecin-chef aux urgences à Fribourg.

Radio Fribourg: Combien de patients accueillez-vous chaque jour aux urgences de l'HFR?
Vincent Ribordy: Environ 115 patients par jour, soit près de 42'000 par an. Ce chiffre a plus que doublé depuis les années 2000. Si l'on inclut les urgences pédiatriques, on atteint 20'000 patients supplémentaires.
Cette augmentation du nombre de patients s'est-elle accompagnée d'une hausse des effectifs?
Oui, les équipes ont été augmentées. C'est d'ailleurs indispensable. Entre 150 et 200 personnes assurent le fonctionnement des urgences, ce qui inclut les admissions, sécurité, soignants, médecins et techniciens.
Les urgences fonctionnent selon un système, du vert au rouge, soit le niveau critique. A quelle fréquence vous atteignez le niveau orange ou le niveau rouge?
Chaque jour en soirée, nous atteignons le niveau orange, voire rouge. Cela signifie que la capacité du service est dépassée, et nous devons adapter notre organisation. Les patients graves sont pris en charge immédiatement, mais les moins urgents doivent attendre. C'est un des enjeux du futur, c'est de ne pas être constamment en crise ou constamment en surcharge.
Comment améliorer cette situation?
Aujourd'hui, l'hôpital ou les urgences ne peuvent pas répondre seuls à l'ensemble des besoins. Il faut renforcer la coordination entre les urgences, les médecins de premier recours, la garde médicale et les structures de permanence. Trop de patients finissent aux urgences alors qu'il devrait y avoir d'autres solutions, comme des médecins de garde.
On sait que l'Hôpital fribourgeois connaît des difficultés financières avec des mesures d'économie qui ont été annoncées. Est-ce que vous craignez pour la bonne prise en charge aussi aux urgences?
Absolument, c'est extrêmement problématique aujourd'hui de constater que la plupart des hôpitaux publics apparaissent comme déficitaires et qu'on leur fixe des mesures d'économie supplémentaires. Cette pression financière est clairement à risque de dégrader le dispositif, les prestations et la qualité des soins.
Existe-t-il en Suisse des services d'urgence qui fonctionnent sans ces contraintes?
Non, ces problématiques sont généralisées, en Suisse comme en Europe. Chaque service doit continuellement s'adapter pour répondre à une demande croissante et toujours plus complexe.
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