Vers un "oui" de Berlin aux chars Leopard

Sous pression depuis des jours, l'Allemagne a entrouvert mardi la voie à une autorisation pour les pays alliés de livrer des chars lourds Leopard réclamés avec insistance par l'Ukraine. Berlin a promis de répondre "avec l'urgence requise" à une requête de la Pologne.

Un char Leopard 2, dont l'Allemagne pourrait autoriser la livraison à l'Ukraine, qui en réclame avec insistance (archives). © KEYSTONE/dpa/Philipp Schulze

Mardi soir, deux médias allemands, le Spiegel et la chaîne d'information NTV, ont même assuré que le chancelier allemand Olaf Scholz allait donner son feu vert, probablement mercredi. "L'Allemagne envoie des chars Leopard à l'Ukraine", a twitté le parti libéral-démocrate (FDP), membre de la coalition gouvernementale menée par M. Scholz.

Le dirigeant allemand, qui doit s'exprimer mercredi à 13h00 devant la chambre basse du Parlement allemand, donnerait aussi son accord aux pays, dont la Pologne, qui souhaitent livrer des chars Leopard 2 à Kiev, selon ces médias.

"Les discussions doivent se finir par des décisions", a exhorté mardi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky. "Les alliés ont le nombre requis de tanks" nécessaires à l'armée ukrainienne pour renverser les troupes de Moscou, a-t-il déclaré dans son allocution quotidienne. "Les besoins sont plus importants" que "cinq, dix ou quinze chars".

Pologne et Finlandes prêtes

A Berlin, le ministre allemand de la défense Boris Pistorius a déclaré avoir "expressément encouragé les pays partenaires qui ont des chars Leopard prêts à être déployés à entraîner les forces ukrainiennes sur ces chars", au cours d'une conférence de presse à Berlin avec Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l'OTAN.

Ces déclarations constituent une avancée dans la position de l'Allemagne, où le gouvernement d'Olaf Scholz subit une pression croissante pour qu'il autorise les pays partenaires qui le souhaitent à livrer à l'Ukraine ces chars d'assaut de fabrication allemande.

Jusqu'ici, la Finlande et la Pologne se sont dit prêtes à le faire. Varsovie, qui veut créer une "coalition de pays soutenant l'Ukraine avec des chars Leopard 2", a officiellement envoyé une requête en ce sens, dont la réception a été confirmée mardi par Berlin.

"Message clair"

Le chef de l'OTAN a salué le "message clair" du nouveau ministre allemand de la défense, en poste depuis moins d'une semaine.

"De telles livraisons n'apporteront rien de bon" aux relations russo-allemandes, a, en revanche, réagi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Selon les observateurs, ces chars sont susceptibles d'avoir un impact significatif pour les soldats ukrainiens face au rouleau compresseur des troupes russes qui reprennent un peu de terrain sur le front de l'est de l'Ukraine.

Lundi, la Pologne avait prévenu qu'elle était prête à se passer de l'autorisation de Berlin. Ce pays, qui se dit disposé à envoyer 14 Leopard 2 à Kiev, discute avec une quinzaine d'Etats à ce sujet, de nombreuses armées européennes possédant ces blindés.

La crainte d'une escalade militaire avec Moscou et ses réticences à faire assumer à l'Allemagne un leadership dans le camp occidental expliquent les hésitations du chancelier, selon des analystes.

Ukraine rattrapée par la corruption

Pour l'Ukraine, le soutien militaire et financier des alliés occidentaux est crucial. Elle dit avoir besoin de centaines de chars modernes et d'autres armements pour une nouvelle offensive.

"Aujourd'hui, cela fait exactement onze mois depuis le début de la guerre à grande échelle. Le 335e jour. Un jour que nous passerons comme le 334e, unissant nos forces pour la victoire", a déclaré le président Zelensky.

Mardi est aussi marqué par le retour en force d'un mal endémique en Ukraine: la corruption. Quatre vice-ministres, dont celui de la défense Viatcheslav Chapovalov, ainsi que cinq gouverneurs et d'autres responsables ont dû quitter leur poste dans la foulée de cette affaire.

M. Zelensky a défendu des décisions "nécessaires" pour avoir "un État fort". Le scandale de corruption présumé concerne des approvisionnements de l'armée. C'est le premier de cette ampleur depuis le début de l'attaque russe le 24 février 2022.

D'autres limogeages avaient déjà récemment eu lieu en Ukraine, qui était classée à la 122e place sur 180 sur l'indice de perception de la corruption de l'ONG Transparency International en 2021.

Dimanche, le ministre adjoint des infrastructures Vassyl Lozinsky avait été arrêté, accusé d'avoir reçu un pot-de-vin de 400'000 dollars pour "faciliter" l'achat de générateurs à des prix gonflés, au moment où son pays est confronté à de vastes coupures d'électricité à la suite des frappes russes sur les installations énergétiques.

ATS
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