"Je veux gagner ces championnats du monde"
Le Champion d'Europe de MMA amateur, le Fribourgeois Vincent Yerly, décrypte sa victoire. Interview.
Vincent Yerly, originaire de Berlens, est le premier Suisse à remporter les championnats d'Europe amateurs de MMA. Combattant à la Fight Move Academy (FMA), il revient sur cette victoire.
Votre sentiment sur cette victoire?
Vincent Yerly: Fier, hyper heureux d'avoir accompli cet exploit. Et j'espère encore faire d'autres. Mais je n'ai jamais eu ce sentiment-là. Hyper fier.
Vous avez vaincu le champion du monde en titre, un adversaire ukrainien. Quelles sont vos ambitions ?
Vincent Yerly: Alors entre deux, je vais prendre le temps de faire encore un combat en Suisse pour amener de la communauté. Et puis le faire en Suisse, c'est important aussi pour moi. Et en fin d'année, on prévoit de refaire les championnats du monde. On n'a pas encore le lieu ni la date, mais je me réjouis.
Vous avez combattu en amateur, votre but c'est de devenir professionnel dans ce sport ?
Vincent Yerly: Oui, mais j'ai encore justement cet objectif à faire: je veux gagner ces championnats du monde. Et puis, par la suite, je pense que je pourrais me lancer dans la carrière professionnelle.
On voit le MMA comme un sport violent. D'ailleurs, vous avez encore des traces de votre combat de ce week-end. Mais pas tous les coups sont permis. Quelles sont les règles quand on rentre dans la cage ?
Vincent Yerly: Alors, c'est déjà du fair-play. On doit respecter l'autre adversaire. Les doigts dans les yeux sont interdits. Les coups dans les parties génitales également. On n'a pas le droit de frapper derrière la tête. Et puis au total, il existe environ une trentaine de règles différentes dans ce sport.
Un sport qui a parfois mauvaise réputation à cause de cette violence. On voit de la sueur, du sang. Mais il y a quand même un respect de l'adversaire, comme dans la lutte
Vincent Yerly: Bien sûr, en tout cas, à chaque fois que j'affronte un adversaire, je lui serre la main au début et à la fin. C'est comme ça que je montre mon respect à l'adversaire.
Vous disiez, on sait ce qu'on a à faire dans la cage, mais en dehors de la cage, vous êtes potes, vous vous parlez normalement?
Vincent Yerly: C'est ça, comme ce qui m'est arrivé dernièrement. Quand je suis rentré des championnats du monde d'Ouzbékistan, je me suis assis à côté de l'adversaire que j'ai affronté en dernier et on s'est tapé la discussion pendant une heure durant le vol, comme si on était des amis.
Vous êtes dans la catégorie de poids des moins de 93 kilos. À la vive, vous faites 100 kilos. Avant un combat, vous faites du cutting, c'est-à-dire que vous vous déshydratez complètement. Vous pouvez nous expliquer cette technique
Vincent Yerly: Alors, je commence par perdre du poids, je veux dire "normalement". Pour les championnats dernièrement, c'était juste jusqu'à 95 kilos, 96 kilos environ. Et puis le reste, on perd ça par sudation le soir avant le combat ou le matin, juste avant la pesée.
Vous avez depuis tout petit voulu faire du MMA. Pourquoi ?
Vincent Yerly: Alors, toute ma famille, mis à part ma mère, sont dans les sports de combat. Surtout mon père qui était un très grand lutteur en lutte suisse et en lutte libre également. Mon grand frère, c'est la première personne à m'avoir offert des gants quand j'avais 4-5 ans. Et il avait construit une salle à la ferme avec tous les champions du MMA qui étaient dans l'actualité il y a 15-20 ans. Et quand j'ai vu mon premier combat de MMA, vers 7-8 ans, je savais que c'était le sport que je voudrais faire un jour.
Votre papa vous a dit "non pas encore". D'abord, tu fais de la lutte comme lui, c'est ça ?
Vincent Yerly: Oui, j'en ai fait pendant 10 ans. C'était une très bonne expérience. Mais à un moment donné, le père avait fait tellement bien dans ce sport qu'il fallait que je me dirige ailleurs. Et puis, mon cœur m'a dicté vers le MMA. Et puis, jusqu'à aujourd'hui, ça me plaît beaucoup.
Utilisez-vous des techniques de lutte dans vos combats?
Vincent Yerly: La lutte suisse m'a donné quelques bases en lutte dans le MMA. J'ai dû réadapter certaines positions. Mais c'est clair qu'il y a des réflexes qui existent déjà depuis un bon bout de temps. Et puis, je ne pense pas que j'aurais le niveau actuel si mon père ne m'avait pas donné l'opportunité de faire la lutte suisse très jeune.
On voit que ça laisse des traces, mais comment on se protège de tous ces coups?
Vincent Yerly: Le corps s'habitue au choc au fur et à mesure. Mais généralement, c'est rare que pendant les entraînements, on se tape fort dessus. Du moins en Suisse, on essaie plutôt de se préserver pour rester dans la durée. C'est un sport dans lequel, si on fait bien les choses, on peut rester dans la compétition jusqu'à 45-46 ans.