L'HFR traite plusieurs centaines de cas de violence par an
L'HFR traite de plus en plus de victimes de violence, mais un projet d'unité spécialisée est bloqué faute de budget.

Il y avait l'idée de mettre en place, en collaboration avec le CHUV, une antenne fribourgeoise de l'unité de médecine des violences (UMV) pour soutenir les victimes. Mais en décembre, le projet est mis en stand-by, en raison du contexte compliqué des finances cantonales. Et ce, malgré les besoins: en 2024, 450 cas de violence ont été traités à l'HFR, un chiffre en hausse depuis plusieurs années.
Actuellement, le canton finance l'HFR à hauteur de 274'000 francs pour la prestation de violence conjugale, notamment pour les prestations de médecins spécialisés dans l’analyse médico-légale des situations de violence dans le couple, ainsi que chez les enfants, et d’infirmiers et infirmières spécialisées.
"Il ne s’agit toutefois pas encore d’une unité UMV telle qu’elle est prévue dans le concept de lutte contre la violence au sein du couple", explique Claudia Lauper, secrétaire générale de la Direction de la santé et des affaires sociales. "Un projet adapté doit encore être discuté et une analyse aura lieu dans le cadre du budget 2026."
Consultations spécialisées
En attendant, la prise en charge des victimes à l'HFR se déroule dans un premier temps de la même manière que pour les autres patients des Urgences. Il y a cependant du personnel formé pour détecter les situations de violences. Que ce soit remarqué par ce personnel ou si la victime parle elle-même de sa situation, l'HFR va, par la suite, mettre en place une consultation dédiée au constat de coups, en dehors des Urgences, effectuée par des médecins assistants et dont la durée est plus longue qu’une consultation habituelle aux Urgences.
"Durant cette consultation", nous explique Patricia Stengel Michlig, médecin cadre au Service des urgences, "le médecin assistant fait passer un questionnaire, examine la situation et renseigne sur les possibilités d'aide comme la LAVI par exemple." Et tout, lors de cette consultation, est documenté, à des fins juridiques. "Le formulaire a été créé avec l'aide de juristes, pour qu'il soit valide devant le tribunal", précise la doctoresse. Les photos des lésions par exemple sont faites avec des mesurettes.
Les cas d'agression sexuelle sont différents. Si la victime est une femme et qu'elle se rend aux urgences, elle sera directement envoyée en gynécologie où le constat va se faire. Si l'agression est avec viol, il existe par exemple des kits pour les prélèvements et la documentation, "aussi pour que tout soit valable devant un tribunal", souligne Patricia Stengel Michlig. "L'idée, dans ce cas, est aussi que le constat soit fait dans son entièreté en gynécologie, même s'il y a d'autres lésions physiques, afin que la patiente n'ait pas à revoir un autre médecin et raconter encore une fois son histoire."
Une approche holistique
"La victime est au centre", continue Patricia Stengel Michlig. "Mais il y a des choses qu'on ne peut pas gérer aux Urgences. Au centre LAVI par exemple, il y a du personnel qui pourra davantage aider du côté psychologique et juridique. On aide la victime à trouver ces endroits où elle pourrait s'adresser." Aux Urgences, il n'est aussi pas possible de mettre la priorité sur ces personnes. "On doit toujours regarder ce qui est vital et ce qui ne l'est pas. Si le service est rempli de patients avec des urgences vitales, il arrive qu'une victime de violence doive attendre plus longtemps que ce que nous souhaitons", regrette-t-elle.
Une antenne de médecine des violences permettrait "une prise en charge de façon holistique" des victimes, explique Claudia Lauper. Dans d'autres cantons romands, comme à Genève, Neuchâtel ou dans le canton de Vaud, ces unités existent déjà. À Neuchâtel par exemple, la structure offre une consultation gratuite aux victimes dès l'âge de 16 ans, et permet une prise en charge médico-légale complète.