Violences en Cisjordanie

L'armée israélienne a bombardé dimanche la bande de Gaza, notamment la ville de Rafah, six mois et demi après le début de la guerre contre le Hamas dans le territoire palestinien, à l'origine d'une poussée de fièvre à travers le Moyen-Orient.

La ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, n'a pas été épargnée par les frappes israéliennes (archives). © KEYSTONE/EPA/HAITHAM IMAD

Engagé dans un bras de fer avec l'Iran, son ennemi juré, et en pleine offensive contre le mouvement islamiste, allié de Téhéran, Israël a reçu samedi un nouveau soutien des Etats-Unis, où la Chambre des représentants a approuvé une aide militaire de 13 milliards de dollars.

Après une semaine de tensions au plus haut depuis le début de la guerre le 7 octobre, l'Iran et Israël ont semblé s'éloigner d'une escalade samedi. Mais dans la bande de Gaza, assiégée et menacée de famine, la guerre fait rage sans aucun signe de trêve tandis que de nouvelles violences meurtrières ont éclaté en Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967.

Selon la Défense civile de Gaza, des frappes israéliennes sur deux maisons de Rafah, dans le sud, ont fait dimanche au moins 16 morts au total. Le ministère de la Santé du Hamas a dénombré 48 morts en 24 heures à travers le territoire.

Rafah, une ville frontalière avec l'Egypte où sont massés environ un million et demi de Palestiniens, vit sous la menace d'une offensive terrestre qu'Israël a promis de lancer pour vaincre le Hamas.

"Vivre ou mourir"

Comme chaque jour, des rescapés fouillaient dimanche les décombres après les scènes de panique de la nuit. "Nous dormions et nous avons soudain été réveillés par le cauchemar d'une explosion. Le plafond est tombé sur les enfants", a raconté une femme de 35 ans, Umm Hassan Kloub, dont la maison abritait des familles déplacées. "A chaque instant, nous vivons dans la terreur. Nous ne savons pas si nous allons vivre ou mourir", a-t-elle ajouté.

Vendredi, les pays du G7 avaient exprimé leur opposition à "une opération militaire d'ampleur à Rafah", tout en dénonçant le "nombre inacceptable de civils" tués à Gaza.

En Cisjordanie, deux Palestiniens ont été tués dimanche par des soldats israéliens, selon l'agence de presse palestinienne Wafa. L'armée a affirmé qu'ils avaient tenté de poignarder et d'ouvrir le feu sur des militaires près du village de Beit Einoun, dans le sud de ce territoire palestinien.

Samedi, un raid israélien dans le camp de Nour-Shams, près de Tulkarem, avait fait 14 morts, selon le Croissant rouge palestinien.

Une région "en feu"

La tension était brusquement montée au Moyen-Orient le 13 avril, lorsque l'Iran a mené une attaque sans précédent contre Israël, son ennemi depuis la Révolution iranienne de 1979, avec 350 drones et missiles dont la plupart ont été interceptés avec l'aide des Etats-Unis et de plusieurs autres pays alliés.

Israël a promis de riposter tandis que l'Iran disait avoir agi en "légitime défense" après l'attaque meurtrière, attribuée à Israël, qui a détruit son consulat à Damas le 1er avril.

Vendredi, des médias d'Etat iraniens ont annoncé que des détonations avaient été entendues à l'aube près d'une base militaire du centre de l'Iran. Des responsables américains ont confirmé qu'il s'agissait d'une opération israélienne en riposte à l'attaque iranienne.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a relativisé samedi l'opération menée dans la région d'Ispahan.

Pour l'expert politique iranien Hamid Gholamzadeh, cet incident "très insignifiant" doit cependant être placé dans le contexte de "la lutte pour l'équilibre du pouvoir" entre l'Iran et Israël. "La région est en feu et une guerre totale peut être déclenchée à tout moment, et de telles actions la rendent plus imminente", a-t-il prévenu.

Israël a salué samedi l'aide financière votée à Washington, malgré les tensions avec les Etats-Unis, son plus puissant allié, nées des inquiétudes américaines sur le sort des civils à Gaza. Le président américain Joe Biden a parlé d'une "aide cruciale". Mais pour la Russie, cette aide attribuée à Israël, comme à l'Ukraine et à Taïwan, "va exacerber les crises mondiales".

Une chaise vide

Alors que les négociations en vue d'une trêve piétinent, l'opinion israélienne réclame avec force à ses dirigeants un accord qui permettrait la libération des otages.

Des manifestants ont une nouvelle fois réclamé samedi soir à Tel-Aviv la démission du Premier ministre Benjamin Netanyahu. "Nous avons besoin que Bibi s'en aille car il est un désastre pour Israël, économiquement et surtout pour la sécurité de la population", a affirmé l'un d'eux, Benni Tirosh.

Les familles des otages ont appelé les Israéliens à laisser une chaise vide lors du repas rituel de Seder lundi soir, qui marque le début de la fête juive de Pessah, pour ne pas les oublier.

"La nuit de Seder approche, et cette année, nous allons devoir laisser une chaise vide", a lancé Ofir Angrest, dont le frère Matan est otage depuis le 7 octobre.

ATS
...