Le Bureau de l’égalité homme-femme et de la famille a 30 ans
Pour marquer cet anniversaire, l'organisme sort une brochure « Rétro-viseur ». Interview de la responsable Sophie Delessert.
Le Bureau de l’égalité homme-femme et de la famille célèbre cette année ses 30 ans. Depuis 1994, il œuvre pour une société plus égalitaire, libérée de la discrimination et engagée dans l’éducation à l’égalité, que ce soit au sein de la famille, dans le monde du travail ou dans les écoles.
Pour marquer cet anniversaire, le Bureau lance une publication spéciale, la brochure « Rétro-viseur », qui revisite ces trois décennies de travail. Interview de Sophie Delessert, responsable du Bureau.
Pourquoi cet ouvrage est-il publié?
Sophie Delessert: On y retrouve un développement de tous nos axes de travail. Par exemple, des interviews, des cartes blanches et des coupures de presse qui ont marqué toute l’histoire de ce Bureau. Le visuel et le graphisme ont un côté “punk” qui rappelle l’esprit des premières grèves des femmes en 1991, car notre bureau est né de cette mouvance-là en 1994.
Il y a beaucoup de contributions dans cette brochure, de Fribourgeoises et Fribourgeois. Quel est leur regard sur l’égalité homme-femme ?
Il est double. D'abord, il montre tout ce qui a été accompli jusqu’à présent. Mais il y a aussi un regard vers l'avenir. Bien que la situation a évolué depuis 30 ans, il reste encore du chemin pour atteindre une société égalitaire, non discriminante et exempte de violences envers les femmes. De nombreux spécialistes et expertes ont enrichi notre perspective. Par exemple, le psycholinguiste Pascal yigax, lauréat du prix Marcel Benoist, qui nous parle de l’importance du langage inclusif.
La naissance du Bureau de l’égalité remonte à la grève des femmes de 1991, mais il y a eu deux dates clés en 1994 et 2004. Pouvez-vous expliquer pourquoi ces deux dates ont été importantes pour votre Bureau?
Le Bureau est d’abord né comme un projet temporaire en 1994, pour une phase initiale de cinq ans, dans l’espoir que la question de l’égalité serait résolue rapidement. Ensuite, le projet a été prolongé de cinq ans. Ce n’est qu’en 2004 que le Bureau a été institutionnalisé. Une loi l’a officialisé, ainsi qu’une commission pour l’égalité homme-femme dans le canton de Fribourg.
Vous avez mentionné plusieurs axes de travail, comme la défense des femmes en politique et la lutte contre les violences faites aux femmes dans le couple. En 2023, 53 homicides ont été perpétrés en Suisse, dont 25 visant des femmes. Comment expliquer que cette violence persiste malgré les mesures de prévention ?
Malgré tout ce qui a été mis en place ces 30 dernières années, les chiffres ne baissent pas. En même temps, les dispositifs se sont améliorés, mais il reste des failles. Avec des dispositifs qui permettent de mieux identifier et de détecter, on ne voit souvent que la pointe de l’iceberg. Il s’agit d’une thématique cruciale pour le Bureau de l’égalité, qui coordonne la Commission cantonale contre les violences au sein du couple. Nous allons prochainement mettre en consultation un nouveau concept pour renforcer nos actions.