Appel de l'opposition à Maduro au Venezuela
Le candidat de l'opposition vénézuélienne Edmundo Gonzalez Urrutia, qui revendique la victoire à la présidentielle de juillet, a appelé le président Maduro "à mettre fin à la violence et aux persécutions". Il n'a pas été vu publiquement depuis plus d'une semaine.
Les troubles post-électoraux ont fait 24 morts, selon des ONG de défense des droits, et 2200 personnes ont été arrêtées, selon Nicolás Maduro, qui a fait état de deux membres des forces de l'ordre tués.
Les prisonniers détenus dans plusieurs centres de Caracas devaient être transférés samedi vers deux prisons de haute sécurité à Tocoron y Tocuyito, situées respectivement à 100 et 200 km à l'ouest de la capitale.
"Assez de persécutions et de violences, assez d'essayer de semer la terreur, assez de ne pas respecter la volonté de changement des Vénézuéliens, acceptez ce que notre peuple a exprimé et commençons tous à sortir notre pays de cette crise", a lancé samedi M. Gonzalez Urrutia sur les réseaux sociaux.
"Exiger le respect de notre constitution n'est pas un crime, manifester pacifiquement pour faire respecter la volonté de millions de Vénézuéliens n'est pas un crime", ajoute le discret diplomate de 74 ans.
Décision "sans appel"
Il poursuit ainsi: "C'est un crime de ne pas accepter la volonté de notre peuple. C'est un crime de faire disparaître, de persécuter, d'emprisonner et de condamner injustement des centaines de citoyens innocents. C'est un crime de réprimer sauvagement des manifestants pacifiques".
"Chers Vénézuéliens, je continuerai à vos côtés à défendre la vérité et la volonté de changer dans la paix", conclut M. Gonzalez Urrutia, qui ne s'était pas rendu mercredi à une convocation de la cour suprême (tribunal supérieur de justice, TSJ), saisie par le président Maduro pour faire "valider" sa victoire.
La présidente du TSJ Caryslia Rodriguez a rappelé samedi lors d'une audience sur la présidentielle que ses décisions étaient "sans appel et contraignantes". La plupart des observateurs considèrent que la cour est inféodée au pouvoir.
Enquête contre des opposants
Le chef de la diplomatie de l'Union européenne Josep Borrell a estimé samedi dans un communiqué que le "respect de la volonté du peuple vénézuélien reste le seul moyen pour le Venezuela de rétablir la démocratie et de résoudre la crise politique et socio-économique actuelle avec des garanties pour tous".
"Le harcèlement et les menaces à l'encontre des forces d'opposition démocratiques, des journalistes et des médias doivent cesser", ajoute-t-il.
Le parquet a ouvert mardi une enquête criminelle contre M. Gonzalez Urrutia et Mme Machado pour "usurpation de fonctions, diffusion de fausses informations, incitation à la désobéissance aux lois, incitation à l'insurrection, association de malfaiteurs". Les deux dirigeants avaient notamment lancé un appel à l'armée à se ranger "du côté du peuple".
Le Conseil national électoral (CNE) a ratifié le 2 août la victoire de M. Maduro avec 52% des voix, sans rendre public le décompte exact des voix et les procès-verbaux des bureaux de vote, assurant avoir été victime d'un piratage informatique.
Négociation rejetée
Selon l'opposition, qui a publié les procès-verbaux obtenus grâce à ses scrutateurs - dont la légitimité est rejetée par M. Maduro - Edmundo Gonzalez Urrutia a remporté le scrutin avec 67% des voix.
L'opposition ainsi que de nombreux observateurs estiment que le piratage avancé par le CNE est une invention du gouvernement pour ne pas publier les documents électoraux.
Vendredi, M. Maduro avait écarté toute "négociation" avec l'opposition à sa sortie de la cour suprême, appelant Mme Machado à se rendre.
De son côté, Mme Machado avait affirmé à l'AFP qu'elle offrirait des "garanties et des sauf-conduits" aux membres du "régime" en cas de transition pacifique.