Cyril Metzger: "Mon prof de Bulle m'a conseillé ce métier"
Le comédien fribourgeois tient le premier rôle de la série de la RTS en collaboration avec Netflix, Winter Palace. Interview.
La Télé: En tant que Fribourgeois, il faut le dire, on imagine que vous vouliez vraiment être dans ce grand projet suisse, de chez nous?
Cyril Metzger: Oui, déjà c'est tellement rare qu'on puisse avoir l'opportunité en Suisse de faire un projet aussi gros que ça, avec les répercussions que ça peut avoir, c'est-à-dire la diffusion sur Netflix. Surtout, c'est une vraie carte postale de chez nous. On voit les montagnes, on voit la fondue. En plus, c'est un ami à moi qui réalisait, Pierre Monnard, qui est un réalisateur que j'estime. C'était une super équipe.
Il y avait de la concurrence pour ce rôle?
Il y en a toujours. J'ai fait trois tours de casting, et ce n'est jamais sûr que ce soit vous. Ce n'est pas parce que vous pouvez être le meilleur ou le moins bon, ce n'est pas ça qui va décider. Il y a un aspect chance aussi.
Vous avez été confondu avec Marco Odermatt, ça vous arrive souvent?
Oui, tout le temps. C'est vraiment génial parce que je suis tout ce qu'il fait et je suis très fier! Il est absolument prodigieux. On m'avait demandé si c'était moi qui faisais la pub Sunrise, j'ai dit que non. Et après, on m'a dit "mais tu connais Roger?". Malheureusement pas.
Ce rôle dans Winter Palace, c'est votre premier grand rôle. C'est une grande production suisse, 50 comédiens, 950 figurants, 80 techniciens. On imagine qu'il y avait quand même une sacrée pression sur vos épaules.
C'était du costaud. C'est-à-dire qu'on tournait à deux équipes avec parfois quatre caméras. Il fallait tenir toute la journée. Et en fait, nous, on ne tourne pas du tout dans l'ordre chronologique. On peut tourner une séquence du dernier épisode, après une séquence du premier, puis du troisième. Et ça, je dois avouer que c'est assez sport de ne pas perdre le fil. Il n'y a pas le droit d'être malade, il n'y a pas le droit d'avoir des moments de baisse d'humeur. C'est pour ça que ça me touche beaucoup ce que dit Pierre sur le côté solaire et entraînant.
Vous avez été formé à Fribourg. Ensuite, vous êtes parti à Lille. Maintenant, vous partagez votre vie entre Paris et Genève. Pour vous, devenir acteur, c'était une évidence?
Pas vraiment. En même temps, je faisais toujours un peu le clown depuis que j'étais petit. J'apprenais les trucs par cœur. Je suis le genre d'enfant qui fait des sketchs à Noël, comme des sketchs de Coluche. Je pense qu'il y avait un grand besoin d'être aimé. Faire rire, ça participe à ça. Après, j'ai fait d'autres choses, et puis, petit à petit, je suis revenu à ça. C'est un prof à moi, Alain Grand, qui travaille à Bulle, qui m'a conseillé de faire ce métier. À la base, je ne pense pas que j'aurais osé y penser.
Sans tout révéler, il y a pas mal de petites touches fribourgeoises dans cette série. Notamment la fondue.
La fondue, bien sûr. Il n'y a pas de comparaison. Les Français ne peuvent pas dire qu'ils connaissent la fondue. Je suis désolé, ils ont d'autres choses, mais ils n'ont pas la fondue! Ce n'est pas pour rien que c'est en Suisse qu'est née l'hôtellerie de luxe d'hiver. Il y a le savoir-faire suisse d'accueil. Je trouve que c'est une carte postale de la Suisse, Winter Palace.
C'est une série bilingue, avec des acteurs de Grande-Bretagne au casting. Comment ont-ils vécu l'expérience?
Je pense que ça leur a fait un petit choc. Quand on fait des tournages en Angleterre, même en France, il y a beaucoup de hiérarchie. En Suisse, tout le monde est proche. Tout le monde peut avoir le numéro de tout le monde. Et c'est très agréable d'avoir cette proximité-là. Et puis, le choc aussi parce qu'on a tourné au Simplon: certains n'avaient jamais mis les pieds dans la neige! On s'est fait de grandes soirées de dégustation avec de la fondue et des bières.
C'était comment de travailler avec Pierre Monnard, qui dit tant de bien de vous?
Déjà, ça me touche beaucoup qu'il dise toutes ces choses. Toutes les personnes qui ont travaillé avec Pierre vous diront que c'est un vrai bonheur. C'est vraiment le capitaine de bateau dont on rêve d'avoir. Et comme les plateaux ressemblent à ceux qui les dirigent, le plateau de Winter Palace était un bonheur. C'est facile, c'est un excellent directeur d'acteurs. Il est précis. Il est intelligent. Franchement, il a toutes les qualités. Et surtout, il sait formuler. Et ça, quand il y a des petits moments complexes, c'est un don. C'est un génie, Pierre.
Vous tournez aussi dans le prochain film de Pierre Monnard, Hallo Betty, sur la vie de Betty Bossy. Vous jouerez en allemand: facile pour le Fribourgeois que vous êtes?
Oui, bien sûr! Non, ce n'est pas vrai. Pas facile, l'allemand. J'ai habité Rechthalten pendant un petit moment, en Singine. Et ce n'est pas facile parce qu'il y a l'allemand et il y a le suisse-allemand qui sont deux choses différentes. Je bosse, je me remets dedans.
Et dans Winter Palace, vous parlez également anglais…
J'adore. Parler d'autres langues, ça implique aussi d'autres mécaniques de pensée. C'est d'autres manières de jouer. La voix, par exemple, quand vous parlez dans une autre langue, ne se positionne pas de la même manière. Ce ne sont pas les mêmes intonations. C'est plus grave ou plus aigu. Et c'est vraiment génial.
Que peut-on vous souhaiter pour la suite?
Continuer à faire ce métier avec beaucoup de joie et le plus longtemps possible!