Des vêtements de trail écoresponsables à Marly
La start-up marlinoise Revario fabrique des vêtements de trail en matériaux recyclés. Rencontre avec son patron.
"On pousse à consommer des produits faits à l'étranger dans des conditions assez drastiques!" Michaël Ingram est passionné de trail, mais pas uniquement. Il est aussi conscient que la planète ne se porte pas très bien et que chacun a sa part de responsabilité. La sienne, il l'assume en essayant de produire des vêtements de sport dont l'empreinte écologique est moins élevée que les autres.
Comment? En utilisant des matériaux de seconde main comme des filets de pêche, récupérés au fonds des mers ou des bouteilles de PET transformées en fils puis en polyester. Car oui, avec ces éléments-là, on peut faire des miracles ou plutôt des tissus adaptés à des activités physiquement exigeantes comme la course à pied de montagne. Des tissus que l'ingénieur vaudois se procure auprès de fournisseurs, basés dans des pays frontaliers de la Suisse. Afin qu'ils soient les plus proches possibles de son lieu de production.
Un sacré challenge
C'est à Marly, sur l'ancien site d'Ilford, que Revario, la start-up de Michaël Ingram s'est installée en automne 2021, grâce à la Promotion économique cantonale et à l'esprit entrepreneurial de l'ingénieur vaudois. Et c'est dans ces locaux exigus et plutôt vétustes que quelque 1'500 pièces ont été réalisées, puis écoulées au cours des trois derniers mois. C'est mieux qu'espéré et un sacré challenge pour une petite équipe bossant à flux tendu.
Il y a là le patron donc, mais aussi 3 couturières qui ne quittent pas leur ouvrage des yeux. Il s'agit d'abord de couper le tissu selon les différents patrons à disposition et en fonction bien sûr des commandes des clients. Puis il faut assembler les pièces, réaliser coutures et ourlets, imprimer la taille et les instructions de lavage à même le tissu - parce que les étiquettes, ça gratte ! Pour les impressions, petite entorse à l'éco-responsabilité, on utilise du plastique non recyclé, parce que la version recyclée n'existe pas. Mais au moins le fournisseur est en France voisine.
Une fois le vêtement terminé, reste à l'expédier au client. Mais pas dans un bête emballage en carton. Michaël Ingram pousse la logique du recyclage jusque dans le packaging. C'est donc dans une housse en toile de parapente que le t-shirt ou le short seront envoyés, accompagnés d'une petite pochette en bâche, sur laquelle un timbre est cousu. Une fois le vêtement reçu, le client pourra ensuite renvoyer à son expéditeur la housse dans la pochette. Et l'entreprise Revario pourra ainsi réutiliser ses emballages à l'infini ou presque.
Le trail et plus si affinités
Alors évidemment, on peut s'interroger sur plusieurs points: d'abord les prix. Comment faire du swiss made, en étant concurrentiel? C'est possible en vendant en direct, sans intermédiaire et avec une marge inférieure à celle que peut s'autoriser une grande marque.
Mais, si on pousse la logique jusqu'au bout, pourquoi des matériaux, certes recyclés, mais quand même synthétiques pour des vêtements qui se veulent éco-responsables? Parce que le coureur, qui sue à grosses gouttes en gravissant les sommets, apprécie ces tissus performants, séchant rapidement notamment. Sans oublier qu'avec des matières de cette qualité, pas d'odeurs désagréables! Donc pour le moment, le tout naturel est encore prématuré, ça risquerait de faire fuir la clientèle auprès de la concurrence. Mais selon le boss de l'entreprise marlinoise, la situation peut évoluer.
En attendant, il compte bien développer sa start-up. Déjà en augmentant ses effectifs pour répondre à une demande croissante dans le domaine du trail et puis en s'attaquant à d'autres créneaux. Dès l'hiver prochain, il aimerait lancer une gamme de vêtements pour le ski de randonnée et le ski de fonds, ensuite miser sur les activités sportives estivales. Il y a de quoi faire et surtout une place à occuper !