"Il faut que les gens sachent que ça existe"

L'accouchement confidentiel permet aux femmes qui ne veulent pas garder leur enfant de le donner en adoption. Focus à Fribourg.

La pratique de l'accouchement confidentiel n'est pas très connue en Suisse, mais elle existe. © KEYSTONE

Même si la pratique n'est pas extrêmement connue en Suisse, il est possible de donner naissance à un enfant tout en restant anonyme. Et c'est dans un hôpital que les futures mamans sont accompagnées. "A son arrivée, la femme recevra un pseudonyme que tous les services utiliseront pour garantir sa confidentialité. Les véritables noms de la femme et de l'enfant à naître ne seront connus que par le Service de l'enfance et de la jeunesse (SEJ) et par l'Etat civil", précise Catherine Telley, conseillère au Centre fribourgeois de santé sexuelle (CFSS).

Après l'accouchement, la maman a ensuite six semaines pour décider si elle souhaite garder l'enfant ou si elle préfère le donner en adoption. Et durant toute la procédure, il est essentiel qu'un accompagnement leur soit octroyé. "C’est tout un encadrement qu’il faut construire, une prise en charge pluridisciplinaire", explique pour sa part Grégory Brülhart, gynécologue-obstétricien à Fribourg.

Éviter les situations délicates

Si dans le canton de Fribourg, il n'existe à ce jour pas encore de concept spécifique aux naissances confidentielles, il est toutefois en train de se mettre en place. "Ça va prendre encore un peu de temps parce qu’il faut réunir tous les interlocuteurs, qu'il s'agisse de personnel de la santé, du social ou encore d'autres professionnels", relève encore Catherine Telley. Et la difficulté réside dans le fait que le concept d'accouchement confidentiel n'est encore que peu connu dans l'espace public. "Il faut que les personnes sachent que ça existe."

L'accompagnement proposé par ces services permet aux futures mamans de ne pas être seules durant les moments précédant la naissance et ceux qui arrivent après celle-ci. "Les femmes qui ne désirent pas leur enfant se trouvent généralement dans une situation délicate. Et souvent, elles n'iront pas chez un gynécologue parce qu’elles veulent rester discrètes. Elles accoucheront donc de manière plus dangereuse parce qu'elles seront seules et remettront ensuite cet enfant discrètement dans une boîte à bébé", affirme Grégory Brülhart.

Des boîtes qui posent problème

En Suisse, il existe huit boîtes à bébé. La plus proche de Fribourg se situe à Berne. Et la seule boîte romande se trouve à Sion, en Valais. Les mères peuvent ouvrir une sorte de fenêtre et déposer leur bébé dans un lit chauffé. Après quelques minutes, une alarme se déclenche et le personnel vient s’occuper de l’enfant qui sera ensuite adopté.

Cette méthode pose un problème car la filiation de l'enfant n'est pas connue. Or le Code civil précise qu'une fois majeur, l'enfant a le droit de connaître l'identité de ses parents biologiques. En Suisse, l’accouchement sous X, à savoir, le fait d'accoucher totalement anonymement, est interdit car le concept ne respecte pas la loi qui permet à ces enfants de savoir qui sont leurs parents. Et de son côté, le concept de l'accouchement confidentiel veut éviter ce genre de situations.

RadioFr. - Lauriane Schott / Adaptation web: Luca poli
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