Patrick Bruel: "Le rôle d’un artiste est de rassembler"

En pleine tournée, le chanteur sera de retour en Suisse le samedi 3 août à l’Estivale Open Air à Estavayer-le-Lac. Rencontre.

L'icône des années 1980-90 revient sur le devant de la scène. © KEYSTONE

Radio Fribourg: Patrick Bruel, votre tournée des Zéniths a débuté il y a un peu plus de deux mois. C'est un show XXL mêlant moments d'émotion et tubes intemporels. Après 40 ans de carrière, quand on arrive encore à fournir autant d'émotions et d'amour, c’est beau?

Patrick Bruel: C'est très gratifiant, bien sûr. Le but est d'étonner, de surprendre, d'être là où on ne nous attend pas. C'est une philosophie de vie. Ce spectacle se devait d'être un peu étonnant parce qu'on avait mis la barre très haut en 2019. Une grosse production qui avait été interrompue par le Covid. Il fallait passer à une étape supplémentaire et faire un bon ménage entre les chansons incontournables, que j'ai envie de faire, et les nouvelles chansons de mon dernier album. Pas toutes, évidemment, mais celles qui me semblent importantes. Et là où je suis heureux, c'est que je reçois un accueil absolument formidable sur les thèmes qu'elles développent. Ce spectacle est à la fois très intime et plus engagé.

Quand on a 11 albums studios à son actif, est-ce que l’on a quand même un petit stress “d'oublier” une chanson et décevoir ses fans? Vous dites que c'est la liste qui était la plus compliquée à faire sur cette tournée.

Oui, c'est la première fois où réellement, il a fallu faire des sacrifices. Ça a été très compliqué. Déjà, le spectacle est assez long. Il dure plus de deux heures. En festival, il sera moins long, évidemment. Mais il faut faire des choix et à la fois faire plaisir à tout le monde. Il y a des chansons qui doivent être là et elles sont toutes là. Et puis, il y a les choix parfois arbitraires d'anciennes chansons qu'on essaie de mettre un petit peu au goût du jour, et celles qui sont peut-être un peu moins connues. Et puis, celles d'un nouvel album qui traduisent l'état du moment.

Une tournée qui est plus engagée avec ce dernier album. Il y a entre autres ce titre “On en parle”, qui est très important pour vous, qui est l'un des moments les plus forts de cette tournée. Il nous fait penser à vos premiers succès, un mélange de “Alors regarde” et de “Casser la voix”. Vous y évoquez notamment la violence, la régression, l'urgence climatique. Vous avez commencé à l’écrire en 2018, c’est un titre qui est toujours rattrapé par l'actualité, et malheureusement ça ne s'est pas arrangé depuis 2018.

La chanson n'était pas complètement terminée, mais je tenais absolument à ce qu'elle soit dans cet album. Donc je l'ai terminée au tout dernier moment. Beaucoup de choses sont dites à travers cette chanson. Elle parle d'elle-même. Je crois qu'on ne peut pas trop la résumer. On pourrait la paraphraser. Mais il y a une interprétation qui peut être faite, évidemment, de chaque phrase. Même si elle est comme une chanson d'actualité, elle reste extrêmement métaphorique. Mais en général, je crois que c'est assez clair. Ceux qui ont envie de la comprendre, la comprennent bien. Et c'est le thème du spectacle. Le spectacle s'appelle “On en parle”. Parce que oui, on aborde beaucoup de sujets sans complaisance, sans langue de bois. Le rôle d’un artiste reste quand même un rôle de rassembleur, un rôle qui cherche à tendre à l'apaisement, mais en nommant les choses. Comme dit Camus, “Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde”.

Patrick Bruel, il est temps de partager un petit instant crush tous les deux. Avec 11 albums studio, je ne vais pas vous demander votre crush parmi toutes vos chansons, parce que ça risquerait d'être un peu plus compliqué… Par contre, la chanson qui vous fait le plus vibrer sur cette tournée actuelle, que ce soit au niveau émotionnel, ou avec l'échange avec le public, ça serait laquelle ?

Au niveau émotionnel, c'est "Je l'ai fait cent fois", qui est probablement la plus belle chanson de cet album. Et au niveau de l'échange avec le public, ça va de “Stand-up” à “Cassez la voix”, en passant par “Alors Regarde”. Peut-être aussi ce passage où je suis au piano au milieu de la salle, ça c'est un moment assez touchant. Là, il y a un vrai partage. Que ce soit, “Je te le dis quand même” ou “Qui a le droit”. Le moment de “Qui a le droit”, ça a toujours été très fort, et là ça prend de belles proportions.

Vous avez plein de passions. La musique, évidemment, le cinéma, mais aussi le foot, le tennis, le poker, la production de vin, de miel, d'huile d'olive, etc. S'il y avait une passion à choisir, ça serait laquelle?

Ma passion première, c'est d'être sur scène et de chanter, de performer. J'aurais du mal à me passer de ça. Le reste, je peux évidemment m'en passer. Je peux me passer du poker, je peux me passer de faire de l'huile d'olive, je peux me passer de faire du vin. Je ne peux pas me passer d'aller voir le PSG en finale de la Ligue des champions et de la gagner (rires). Être sur scène, faire des tournées, faire des concerts, rencontrer les gens, aller à la recherche, à la rencontre de cet amour, de cet échange, de ce partage, de tout ce que ça représente. C'est immense. C'est quelque chose qui, oui, si ça devait s’arrêter, serait très dur.

Ecoutez l'interview complète de Patrick Bruel:

RadioFr. - Virginie Pellet
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