L'annonce de la fermeture de Ciba tombait il y a 25 ans
En 1996, les dirigeants de Novartis annoncent brutalement la fermeture du centre de recherche basé dans la commune de Marly.
Le lundi 22 juillet 1996, l’annonce de la fermeture de l'usine Ciba-Geigy à Marly prend tout le monde de court et fait l’effet d’une véritable bombe dans le canton de Fribourg. La nouvelle met brutalement fin à l’âge d’or du site industriel de l’ancienne papeterie. Installée en 1965, Ciba emploie à son apogée un Marlinois sur vingt.
Le centre de recherche est victime de la fusion entre Ciba et Sandoz, qui donne naissance à Novartis. Pour des raisons de rentabilité, les départements fribourgeois seront transférés en Suisse allemande dès la fin 1998. Laborants et chimistes se voient offrir le même travail, mais à Bâle.
La pénibilité de cet événement, pour les employés du centre de recherche, est renforcée par le fait que c’est l’un des leurs, le Fribourgeois Daniel Vasella, qui annonce la mauvaise nouvelle. A l’époque, le PDG a 42 ans. Le jour même de l’annonce, il répond aux journalistes de radio RSR qui lui demandent si cette décision n'est pas injuste pour les travailleurs: "Je pense qu'il n'y a pas d'acquis, ni dans la vie ni dans l'industrie, et que ce qui a été suffisant dans le passé n'est plus suffisant dans le futur. La concurrence devient toujours plus assidue et il faut se battre pour être les meilleurs au niveau mondial".
Faire face aux conséquences
Cette décision aura pour tous d’énormes conséquences. Les souvenirs, même s'ils remontent à 1996, sont par conséquent encore très présents aujourd'hui. Catherine Birchall, qui travaillait alors comme laborantine pour Ciba depuis presque 20 ans, se rappelle très bien de cette annonce surprise: "Nous avons été convoqués à la cantine où nous mangions tous les jours. Daniel Vasella nous a annoncé, sans états d'âme, que personne n'était licencié, que nous serions simplement transférés à Bâle, qu'il suffisait de faire preuve d'un peu de souplesse géographique pour garder votre travail".
Peter Nesvadba travaillait en tant que chimiste et chercheur sur le site en 1996. Il habitait et habite toujours à Marly, à quelques mètres de l'ancienne usine Ciba: "C'était un choc pour moi, pour tout le monde". Le syndicaliste Armand Jaquier avait 37 ans à l'époque. Il se souvient de la violence de la nouvelle: "Pour moi, ce qui a été choquant, c'est la dureté avec laquelle cela a été annoncé et le fait qu'il n'y avait strictement rien à discuter."
Cette fermeture était d’autant plus incompréhensible que certains chercheurs bâlois avaient déménagé à Marly quelques années auparavant. Pour Claude Lässer, syndic de Marly et directeur administratif de Ciba-Geigy en 1996, l'annonce était également une surprise: "Tous les chercheurs de la chimie industrielle avaient l'air heureux à Marly, même si partir de la grande ville de Bâle pour arriver dans le petit bourg de Marly n'avait pas été facile au départ. Ils ont vite réalisé que les conditions de travail y étaient excellentes." Les chercheurs travaillaient en regardant les vaches paître dans les champs. "C'était un cadre bucolique, une atmosphère calme et sereine, idéale pour faire de la recherche", raconte Claude Lässer.
Rebondir à tout prix
Mais une fois le choc passé, que faire? Toutes les pistes sont alors envisagées. Déménager à Bâle ou dans une région francophone aux alentours, retrouver un emploi dans le canton de Fribourg... Peter Nesvadba, par exemple, a accepté le poste en Suisse allemande et a décidé de faire les trajets plusieurs fois par semaine, tout en louant un petit studio à Bâle. Patrice Waeber, laborant en chimie dans la division additifs, quant à lui, a préféré se reconvertir dans le service externe.
Retour sur une page sombre de l'histoire de l'économie fribourgeoise. 25 ans plus tard, les anciens employés rouvrent le livre de leurs souvenirs.