Les jeunes au Parlement cantonal le temps d'un week-end
Une trentaine de jeunes de 15 à 23 ans participent à la deuxième session des jeunes du Grand Conseil fribourgeois. Interview de son co-organisateur, Henri Jolliet.
RadioFr: A quoi sert une session des jeunes?
Henri Jolliet: La session des jeunes permet aux participants de se familiariser avec notre système politique, avec nos politiciens, vu que les jeunes seront encadrés pendant la session par des députés du Grand Conseil qui viendront les aider. En soi, cette session est une simulation du Grand Conseil. Samedi, les jeunes élaboreront des motions en groupe avec l'aide d'experts et de députés. Ces motions seront débattues en plénière le lendemain. Ces sessions seront transmises à l'issue de la session au président du Grand Conseil. Il y aura également un rapport sur la session qui sera transmis à la journée cantonale sur les regards croisés sur la jeunesse en situation complexe qui a lieu lundi prochain. Ainsi, la session est utile non seulement pour les jeunes qui y participent, mais aussi pour toutes les structures de politique jeunesse dans le canton.
De quels sujets sera-t-il question?
Nous avons essayé de sélectionner diverses thématiques pour attirer tout type de jeunes. Parmi elles, les synergies entre l'agriculture et la durabilité, l'accès à la culture chez les jeunes, également la santé publique avec un focus sur la prévention des addictions chez les adolescents. Aussi, la politique, le rôle des jeunes dans la vie politique et leur engagement au sein de cette dernière.
Selon vous, quels sont les enjeux politiques qui préoccupent le plus la jeunesse actuellement?
Ces enjeux dépendent essentiellement de l'actualité pour certains, comme la situation internationale qui s'est dégradée ces derniers temps. C'est une préoccupation qui prend de l'ampleur. Il y a également les questions climatiques qui sont au centre des préoccupations de nombreux jeunes depuis plusieurs années, mais aussi des préoccupations plus partagées dans la population, comme la précarité et les primes maladies. En fait, il n'y a pas une jeunesse homogène, mais plusieurs jeunes chacun préoccupé par des thèmes différents, mais pouvant se rejoindre.
Vous parlez notamment de la politique climatique. C'est sur ces sujets-là qu'on entend parfois le plus les jeunes. Mais ils ont parfois l'impression de ne pas être entendus par les politiciens. Comment faire pour attirer les jeunes qui sont peut-être un peu désabusés?
Il y a beaucoup de réponses à cette question. Des initiatives comme la session des jeunes permettent de rendre la politique plus accessible, de la dédiaboliser d'une certaine manière vis-à-vis des jeunes. De plus, les cours d'éducation à la citoyenneté dispensés en troisième du cycle dans notre canton, qui devraient peut-être être plus nombreux, permettent de donner aux jeunes des compétences politiques. Il y a aussi la possibilité de s'engager dans des partis. Il existe des organes de politique participative et non partisane, comme le Conseil des jeunes fribourgeois, le Conseil des jeunes de la Gruyère, celui de la ville de Fribourg, ou celui du Lac.
Comment voyez-vous la politique chez les jeunes d'ici 5 à 10 ans?
C'est une grande question. Les jeunes sont davantage sensibles à des thématiques qu'à des idéologies ou à des courants de pensée, comme c'était le cas auparavant. Cela se ressent notamment avec les partis qui peinent à recruter de manière générale des jeunes, les exécutifs communaux qui se vident. Je pense à titre personnel que nous allons avoir un intérêt accru des jeunes pour notre système démocratique parce que la situation internationale nous fait prendre conscience que la démocratie n'est pas simplement acquise, qu'elle est en danger et qu'il faut se battre pour la préserver. Cela va peut-être motiver les jeunes à s'investir davantage en politique.
Pensez-vous que les décisions qui vont sortir auront un réel impact auprès des politiciens en poste?
Avec ma collègue co-organisatrice Diana Zargarova, nous sommes persuadés que cette session a un réel impact. L'État de Fribourg, différents organes politiques, le président du Grand Conseil, le conseiller d'État Didier Castella nous ont beaucoup soutenus et trouvent que la session est un projet important. Donc oui, je pense que cette session a un impact au niveau de l'État et aussi au niveau du monde politique en général. Concrètement, il est possible que les députés commencent à discuter de quelque chose qui est ressorti de la session. D'ailleurs, à l'issue de la précédente édition, une motion a été déposée au Grand Conseil qui a d'ailleurs été acceptée pour être institutionnalisée en l'intégrant dans la loi Enfance et Jeunesse.
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