Cinq jeunes artistes afghans exposent à LivrEchange
Peintures, sculptures, dessins et photos sur la culture afghane et la migration sont visibles à la bibliothèque fribourgeoise.
Pour quelques semaines, LivrEchange, la bibliothèque interculturelle de Fribourg, devient aussi galerie d'art. Sur ses murs, des dessins, des peintures, des photos et des sculptures décorent les commodes remplies de livres multilingues pour enfant.
Ashraf, Mahdi, Mukthar, Zafar et Zaki, cinq jeunes migrants originaires d'Afghanistan, sont les artistes derrière ces œuvres. Mercredi soir, ils ont présenté pour la première fois leur art lors d'un vernissage ouvert au public.
De l'Afghanistan à la Suisse
Certaines œuvres évoquent leurs origines et la culture afghane, tandis que d'autres parlent de ce qu'ils vivent en Suisse, comme la photographie de Mukthar représentant la nature du canton de Fribourg. "Tout le monde a un talent, et moi, je l'ai trouvé: c'est la photo, confie le jeune photographe. Je fais ça, car j'aime observer la nature et je m'y sens au calme." Son cliché favori? Une photo du Lac Noir gelé en plein hiver.
Pour d'autres, l'art est un moyen d'exprimer un sentiment d'injustice. Sur l'un des dessins, une enfant au sol, la bouche en sang, tente d'attraper un livre, mais son bras est bloqué par un pied. "Laissez-moi aller à l'école", peut-on lire sur l'œuvre, en référence à l'interdiction d'étudier pour les filles, imposée par les talibans. "Par mes dessins, je veux montrer mon pays, le faire comprendre aux gens qui viennent d'ici", explique Zaki, le dessinateur.
Plus qu'un simple don
C'est la première fois qu'un tel projet est mis en place par l'association et le foyer Sainte-Elizabeth où résident les Afghans. Leurs œuvres seront exposées pendant tout le mois d'avril et pourront être admirées durant les heures d'ouverture de la bibliothèque.
"Beaucoup de jeunes qui vivent dans les foyers aiment créer, explique Zélie Schneider, coordinatrice de l'association ParMi à l'origine de l'exposition. Notre idée est de mettre en avant leurs talents en proposant un espace pour exposer les œuvres et parler de leur vécu."
Les cinq artistes participent à un parrainage proposé par l'association. Chacun est suivi par un parrain ou une marraine du canton, qu'ils rencontrent plusieurs fois par mois, pour mieux comprendre la culture suisse et travailler leur français. L'exposition est aussi l'occasion de présenter et de proposer ce genre de projet au grand public. "Un engagement qui va plus loin qu'un simple don", note Zélie Schneider.