Malgré les difficultés financières, "l'Hôpital se développe"
À la tête de l'Hôpital fribourgeois (HFR) depuis le 1er mars, Philipp Müller revient sur les défis auquel fait face l'établissement.

Radio Fribourg: Du point de vue financier, des mesures ont été annoncées pour cette année à l'Hôpital fribourgeois. Notamment la suppression de 90 équivalents en plein-temps (EPT). Où en est-on aujourd'hui ?
Philipp Müller: Il faut dire tout d'abord que l'hôpital se développe aussi en 2025. Nous avons quelques domaines dans lesquels on est forts cliniquement et qui sont aussi intéressants financièrement, par exemple la médecine nucléaire. Il s'agit de toutes sortes d'analyses en lien entre autres avec le cancer et les tumeurs, mais pas seulement. On a aussi la possibilité d'ouvrir une dixième salle opératoire à partir de septembre pour être encore davantage capable d'opérer des patients qui voudraient s'adresser à l'HFR. Mais c'est vrai, il y a ces 90 postes à réduire d'ici à la fin de l'année. Sans licenciements, je rappelle. Ces postes ont été identifiés. Une partie d'entre eux pourra être réduite à travers des mesures d'efficience.
Concrètement, nous allons fermer la médecine interne à Riaz et renforcer en même temps la gériatrie aiguë sur le site. C'est en quelque sorte la médecine interne de la personne âgée. À travers cette mesure-là, on peut économiser un certain nombre de postes. Le reste a été trouvé à travers une répartition équitable entre les départements cliniques et les directions transversales, avec toujours comme objectif de ne pas atteindre la qualité des soins, tout en étant conscient de notre nécessité d'être plus efficace dans notre fonctionnement.
Vous avez parlé de Riaz. Quels seront les autres secteurs touchés?
Pour le reste, ce n'est pas quelque chose qui est lié à des infrastructures spécifiques. Les mesures ont été trouvées au sein des départements, notamment dans les départements cliniques, en fonction des équilibres internes. Les principales mesures d'efficience, qui amènent aussi un plus, ce sont celles de Riaz, avec la fermeture de la médecine interne à partir de cet automne et le renforcement de la gériatrie aiguë et de la réadaptation. Le fait qu'on va transférer les lits de médecine interne de Meyriez à Tavel, sans réduire les équipes et en augmentant le nombre de lits qu'on peut exploiter, c'est des revenus en plus. Pour le surplus, il n'y a pas de focalisation sur tel ou tel service. C'est justement en impliquant les départements cliniques et leurs responsables, que des mesures les plus adéquates ont pu être trouvées, tout en étant clair sur le fait qu'il faut réduire les postes.
Les économies passent aussi par l'organisation interne de l'hôpital. Vous êtes à sa tête depuis presque 100 jours, est-ce que vous avez déjà réussi à imposer votre marque?
D'une part, je m'inscris évidemment dans une certaine continuité. La stratégie de l'hôpital est connue, l'équipe en place et la direction sont solides. Ce que je mets moi en avant comme priorités, c'est la simplification, la rigueur et le travail en commun renforcé.
Pour la simplification, on a introduit une façon de faire pour éviter d’être submergé de nouveaux projets, afin justement que l'hôpital se concentre sur ses missions essentielles et sur les développements indispensables. La rigueur, cela veut dire qu'on dit ce qu'on fait et on fait ce qu'on dit, y compris dans le domaine financier. Ce n'est évidemment pas facile dans un hôpital de réduire les charges, notamment de personnel, mais on est dans une situation où cela est nécessaire, jusqu'à un certain point. Enfin, le travail en commun, c'est d'impliquer encore davantage les directions des départements médico-soignants. On a créé au sein de l'HFR, il y a cinq ans maintenant, des départements qui regroupent différents services cliniques. À la tête desquels il y a un médecin-chef et un cadre soignant qui sont là pour piloter ces départements. L'interaction de ces départements avec la direction a été renforcée depuis que je suis entré en fonction.
On a parlé de mesures prises par l'HFR, il y a aussi un autre plan qui fait beaucoup parler de lui, le plan d’assainissement du canton de Fribourg (PAFE). Une manifestation a lieu mercredi 4 juin, à laquelle prendront certainement part des collaborateurs et collaboratrices de l'HFR. Vous qui êtes passé par le syndicat Unia, est-ce que vous conseillez à vos employés d'aller manifester pour le bien de l'hôpital?
En tant que directeur général de l'hôpital, je n'ai pas de conseils à donner. Par contre, dans ce pays, il existe la liberté syndicale, donc tout un chacun est libre de faire ce qu'il veut avec son temps, évidemment en dehors des heures de travail, y compris participer à des manifestations. Mais je n'ai pas de consignes à donner.
La direction générale est bien sûr chaque année en négociation avec l'État pour négocier le budget de l'année suivante. Nous sommes en plein processus et nous ne sommes pas les seuls. Le processus budgétaire de l'État concerne tous les services et les organisations et institutions qui lui sont rattachées. C'est dans ce cadre-là qu'on va défendre notre point de vue, parce que la situation financière de l'hôpital demande à la fois des mesures en termes de maîtrise des charges, ce que l’on a fait, mais aussi des mesures à prendre en termes d'augmentation des revenus.
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