Tamedia supprime 28 postes en Suisse romande

Cette réorganisation concerne tous les titres payants de l'éditeur. L'objectif est d'économiser 3,5 millions de francs.

Le logo de Tamedia, une entreprise de TX Group, est photographie devant la Tour Edipresse ce mercredi 29 juillet 2020 a Lausanne. (KEYSTONE/Laurent Gillieron) © KEYSTONE/LAURENT GILLIERON

Tamedia va biffer jusqu'à 28 postes sur 247 collaborateurs en Suisse romande, soit environ 10% des effectifs cet automne. Ces suppressions de postes touchent tous les titres et services éditoriaux. L'objectif est d'économiser 3,5 millions. Les rédactions dénoncent une "hécatombe, après des années de saignée".

Le personnel a été informé mercredi de la restructuration. "28 postes, c'est le scénario du pire, ce n'est pas un chiffre définitif", a déclaré Christine Gabella, directrice Suisse romande chez Tamedia mercredi devant la presse à Lausanne.

"Cette nouvelle extrêmement importante à l'échelle de la Suisse romande a suscité de nombreuses réactions parmi les équipes", a-t-elle ajouté. Une procédure de consultation a été lancée avec la coordination des rédactions de Suisse romande, les sociétés de collaborateurs et le syndicat impressum. A son terme, les suppressions de postes seront annoncées.

Modèle sous pression

Ces mesures sont rendues nécessaires par l'évolution du chiffre d'affaires en Suisse romande et par un modèle économique énormément sous pression en raison de la transformation digitale, a justifié Mme Gabella. "On doit fonctionner avec moins de personnes".

Si le futur des médias est numérique, "nous partons du principe que l'imprimé restera une part forte pendant de nombreuses années, on parle d'au moins dix ans", a déclaré pour sa part Andreas Schaffner, codirecteur de Tamedia.

Mais il est quasiment impossible de vendre un abonnement print à quelqu'un de moins de 30 ans. Cette érosion va se poursuivre. Or les marges de contribution du numérique sont plus faibles que celles du papier, selon M. Schaffner.

"Il faut deux abonnements digitaux pour un print, une tâche d'hercule. On ne va pas arriver à compenser cette perte du chiffre d'affaires. Si on ne réagit pas, nos résultats vont davantage se dégrader", a-t-il relevé.

Réduire la complexité interne

La nouvelle organisation qui prévoit notamment la suppression de la réaction commune T (pour Tamedia) vise à renforcer les marques pour davantage de proximité avec le lecteur, ainsi qu'à réduire la complexité interne. Autres objectifs: simplifier au maximum la préparation des journaux print et former des équipes aux nouveaux formats numériques.

"Pour l'heure, nous sommes au début du processus de transformation. Il s'agit d'une 'vision' qui se construira avec les équipes rédactionnelles. Ce sont elles qui feront des choix".

"Nous voulons nous concentrer sur les plus-values. Cette restructuration devrait rester invisible pour le lecteur et devrait rendre notre offre plus attractive", a noté Mme Gabella. Et de préciser que les rédactions en chef demeurent inchangées et qu'aucune fusion de titre n'est prévue.

La Suisse alémanique sera également touchée, mais dans une proportion moindre, la situation sur le marché de la publicité s'étant dégradée plus rapidement en Suisse romande, a expliqué M.Schaffner. Une annonce sera faite au personnel jeudi.

Ras-le-bol des rédactions

L'annonce a provoqué un tollé dans les rédactions. "La Tribune de Genève, 24 heures, le Matin Dimanche, Tamedia (rubriques suisses, monde, économie), les entités TES (photographie, édition et mise en page), la Cellule digitale ainsi que l’association professionnelle impressum dénoncent avec force la décision de TX Group, propriétaire de Tamedia, de supprimer plus de 10% des effectifs des rédactions en Suisse romande", indiquent-ils dans un communiqué.

"En chiffres, ce sont 3,5 millions économisés uniquement sur le dos du personnel. C’est donc un ras-le-bol que le personnel des rédactions exprime face à une direction qui n’investit plus dans ses médias, et les laisse mourir à petit feu au détriment des abonnés et de la société dans son ensemble", protestent les collaborateurs.

Juteux dividendes

"La direction le dit aujourd’hui frontalement: Edipresse était trop gros pour la Suisse romande au moment où Tamedia l’a racheté. Voilà pourquoi la seule stratégie industrielle de TX Group se résume, depuis, à des coupes allant vers une fin inexorable des journaux imprimés et de leurs rédactions", déplorent les collaborateurs.

Depuis le rachat d'Edipresse par Tamedia en 2011, les annonces de licenciement se sont succédé. "Celui du jour est d'une ampleur inédite depuis la disparition du Matin", dénonce également syndicom. Et de constater que les actionnaires de TX Group ne renoncent pas eux aux juteux dividendes perçus chaque année: 47,7 millions rien qu'en 2022.

ATS
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