Les voitures électriques n'attirent pas les Fribourgeois

12% des véhicules fribourgeois fonctionnent aux énergies alternatives, malgré des conditions favorables à l'électrification du parc automobile.

Selon l'ingénieur Marc Muller, les conditions pour une électrification du parc automobile fribourgeois sont réunies. © KEYSTONE

Le parc automobile fribourgeois reste largement dominé par les véhicules thermiques. Selon les statistiques de 2023, 88% des voitures de tourisme dans le canton roulent encore à l'essence ou au diesel. Le reste fonctionne aux énergies alternatives comme l'électricité ou l'hydrogène.

Cette situation étonne l'ingénieur en énergie Marc Muller. Selon lui, les conditions pour une électrification du parc automobile sont pourtant réunies. "Le gros frein à l'électrification est souvent l'accès aux bornes de recharge", explique-t-il. Or, Fribourg compte de nombreux propriétaires de maisons individuelles, ce qui facilite l'installation de bornes à domicile.

La taille réduite du canton implique aussi des distances de déplacement relativement courtes, ce qui devrait favoriser l'adoption de véhicules électriques. Marc Muller souligne le paradoxe en comparant notre canton avec la Norvège, où le taux d'électrification approche les 100% malgré des distances bien plus importantes.

Des freins psychologiques plutôt que techniques

Le prix non plus n'est pas un obstacle majeur à l'achat de véhicules électriques, estime encore Marc Muller. Sur le marché du neuf, la différence de prix avec les véhicules thermiques s'est considérablement réduite. Quant au marché de l'occasion, il offre désormais des opportunités intéressantes, ajoute l'ingénieur.

Selon l'expert, les principaux freins seraient donc plutôt d'ordre psychologique.  "Il n'y a pas beaucoup de critères objectifs qui justifient ces statistiques, en dehors des habitudes et de la peur du changement technologique. La Suisse a une population très conservatrice par rapport au changement", déplore l'ingénieur.

La situation fribourgeoise contraste fortement avec celle d'autres pays, notamment la Chine ou les Etats-Unis. Dans l'Empire du Milieu, plus de 50% des véhicules neufs vendus sont électriques, et cette proportion atteint même 80% en incluant les véhicules hybrides rechargeables.

Malgré ce retard, Marc Muller reste optimiste pour l'avenir. Il espère que la baisse des taux d'intérêt par la Banque nationale suisse pourrait relancer la consommation et faciliter les investissements.

"Ça va commencer à porter ses fruits dans les mois à venir", espère le Fribourgeois. "Mais une fois encore, ça ne suffira pas à changer une culture conservatrice qui n'a pas d'engouement à changer de technologie comme ça se voit en Chine ou aux États-Unis".

RadioFr. - Sarah Camporini / Adaptation web: Mattia Pillonel
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