Travailler moins, mais gagner la même chose
L'idée d'une semaine de travail de 4 jours est à l'étude dans certaines entreprises fribourgeoises. Exemples à Morat et Fribourg.
Le premier commerce de détail en Suisse à introduire la semaine de 4 jours se trouve à Morat. Le magasin Mondo Sport ne sera ouvert que les mardis, mercredis, vendredis et samedis. Il a décidé de continuer à payer son personnel à 100% mais les trente salariés travailleront 20% en moins par semaine dès le 1er juin. Le copropriétaire, Heinz Egger a opté pour ce modèle afin de fidéliser ses employés spécialisés et ainsi lutter contre la pénurie de personnel qualifié.
Pour le moment, peu d’entreprises fribourgeoises ont franchi le cap, même si elles planchent sur la question. Instaurer une semaine de travail de quatre jours comporte des avantages certains pour les employés qui peuvent avoir davantage de temps pour eux et leur famille mais "à condition qu’il s’agisse d’une vraie semaine de 4 jours. Donc ne pas travailler 40 à 42 heures par semaine sur 4jours ni avoir une diminution de salaire", insiste François Clément, co-secrétaire régional d’Unia Fribourg. Le syndicaliste plaide pour ce nouveau modèle qui répond, selon lui, aux besoins de la société, mais aussi d’un point de vue écologique parce qu’au lieu de produire toujours plus, on produit tout autant, mais en moins de temps et ainsi, on ne surconsomme pas des ressources.
Chantal Robin, directrice de la Chambre de commerce et d’industrie du canton de Fribourg, estime pour le moment que la semaine à 4 jours n’est pas viable économiquement, à moins de faire les heures pour un 100% sur 4 jours. "Aujourd’hui, la tendance serait plutôt de demander à des gens de travailler davantage, de passer d’un 60% à un 70%, parce qu’on n’arrive pas à repourvoir tous les postes vacants", affirme-t-elle. Pour Chantal Robin se pose la question aussi de la formation de la relève, car une entreprise qui passe à la semaine de 4 jours ne peut pas prendre en compte des apprentis ou des stagiaires.
Ecouter l'éclairage complet:
A Fribourg, l'agence de placement ValJob teste la semaine à 32 heures depuis le 1er mai. Sa directrice mise sur une optimisation des outils de travail et la polyvalence des collaborateurs. Depuis 1 mois, le département des ressources humaines sonde ses 15 succursales en Suisse pour élaborer des règles cohérentes avec son organisation.
"On laisse aux managers la flexibilité d'organiser leur planning, mais on impose les jours libres", explique Sandrine Grau-Junod, directrice des ressources humaines à ValJob SA. Un premier bilan aura lieu en fin d'année pour mesurer notamment la productivité. Si l'expérience est concluante, l'idée est de pérenniser cette mesure.