"L'alcoolisme touche toutes les populations"
Janvier sec ou humide? Un expert défend le Dry January après les fêtes. La modération doit être la norme toute l'année.
Une nouvelle tendance commence à faire de l'ombre au Dry January: le Damp January (janvier humide en français). Au lieu de se priver complètement d'alcool pendant le mois de janvier, comme le préconise le Dry January, le Damp January propose de modérer sa consommation.
Si l'idée peut paraître alléchante, elle ne convainc pas entièrement Thierry Rademermecker. Il dirige depuis 18 ans la fondation Le Torry à Fribourg, un centre spécialisé dans le traitement des dépendances liées à l'alcool.
Il est un défenseur du janvier sec. "Il est important de se rappeler que l'on peut vivre sans alcool. Le Dry January montre que l'on peut faire toutes les activités quotidiennes et toutes les fêtes sans consommer la moindre goutte."
Pas qu'une question de quantité
La modération est l'attitude à avoir toute l'année, rien d'exceptionnel, assure le spécialiste. Mais attention, "avant qu'une personne ne tombe dans l'alcoolisme, elle consommait de l'alcool de façon modérée", prévient Thierry Radermecker.
Trop d'alcool, ça veut dire quoi? "Bien sûr, plus les quantités sont importantes, plus c'est grave, mais on peut être dépendant sans boire beaucoup. L'aspect fondamental à prendre en compte est de réaliser que l'on ne peut pas s'en passer, explique l'alcoologue. Par exemple, si une fête n'en est pas vraiment une sans boire au moins un verre."
Tout le monde est concerné
Ce risque concerne tout le monde, malgré les stéréotypes qui entourent les personnes alcooliques, que l'on voit généralement comme étant à bas revenus, mal formées ou précaires. "En 18 ans au Torry, j'ai vu débarquer tout type de personnes, affirme Thierry Rademercker. L'alcoolisme touche toutes les populations. Par contre, il est possible que dans certains milieux socio-économiques, on arrive à le dissimuler plus facilement que dans d'autres."
L'alcool est omniprésent dans notre société, regrette l'alcoologue. "Il est totalement banalisé, on en trouve partout, facilement et puis on le présente comme quelque chose d'anodin. Si on est invité chez quelqu'un et qu'il ne nous propose pas une bière ou du vin, on trouve cela un peu dérangeant. C'est ancré dans notre société, mais cela ne veut pas dire que l'alcool n'est pas un produit dangereux."