Un menu sans prix à l'Hôtel de Ville de Cudrefin

L’établissement a fait le pari audacieux de laisser ses clients fixer eux-mêmes le prix de leur repas pour une durée d'un mois.

L’Hôtel de Ville de Cudrefin, où les clients ont fixé eux-mêmes le prix de leur repas pendant un mois. © Frapp

Une carte sans prix, où les clients fixent eux-mêmes le montant de leur repas: c’est l’initiative lancée par l’Hôtel de Ville de Cudrefin du 8 janvier au 4 février. Une démarche qui interroge la perception de la valeur des mets et bouscule les habitudes des convives.

Payer ce qu'on veut, mais pas n'importe comment

Repris en septembre 2024 par Marie et Samuel Cornuz, l’établissement a pour habitude de mettre en avant ses produits locaux. Avec l’expérience "Combien ça coûte ?", l’objectif de Marie Cornuz, gérante, est clair: "On enlève les prix de la carte et on demande aux clients d’évaluer eux-mêmes la valeur des plats, en précisant l’origine des produits. L’idée est de voir s’ils valorisent cette démarche et s’ils sont prêts à payer en conséquence."

Si certains clients se montrent hésitants face à cet exercice inhabituel, l’initiative est globalement bien accueillie. "Une bonne partie de la clientèle trouve l’idée intéressante et joue le jeu avec honnêteté. La plupart des estimations restent cohérentes avec les prix habituels de la carte", observe Marie Cornuz. Elle note aussi un attrait particulier pour l’expérience: "Certains sont venus par curiosité, simplement pour tester et échanger avec nous."

Parmi eux, Jacques et son fils, qui viennent de terminer un filet de sandre et une entrecôte de bœuf limousin, estimés respectivement à 35 et 38 francs. "C’est un peu compliqué, surtout parce que l’estimation doit être faite avant d’avoir le plat sous les yeux. La présentation et la quantité peuvent influencer l’évaluation", explique Jacques. Mais il apprécie le concept: "Il y a un côté joueur qui est intéressant." Et il compte bien revenir: "Ça me permettra de voir si mon estimation était juste par rapport au prix réel."

Une expérience qui nourrit la réflexion

Après près d’un mois d’expérience et plus de 900 clients servis en janvier, un mois généralement creux en restauration, surtout en bord de lac, Marie Cornuz tire un bilan positif: "Ça a été très enrichissant. On a eu des échanges avec les clients qu’on n’a pas habituellement. Sur certains plats, on va faire des ajustements, car les retours nous montrent qu’il y a des écarts à corriger, parfois à la hausse, parfois à la baisse."

L’impact de cette initiative sur la fréquentation reste difficile à évaluer, le restaurant n’ayant pas encore de point de comparaison pour un mois de janvier. Une certitude toutefois: l’expérience a suscité l’intérêt et l’engagement des clients. Pour la nouvelle équipe de l’Hôtel de Ville de Cudrefin, elle ouvre des pistes de réflexion sur la valorisation des produits locaux. Addition réussie.

Frapp - Justin Schaller
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