La pandémie se ressent encore dans le monde de la nuit
Trois ans après la crise, les clubs fribourgeois n'arrivent pas à retrouver la fréquentation et la consommation d'avant 2020.
Dans le monde de la nuit, les conséquences de la pandémie se ressentent encore. Presque trois ans après, les clubs fribourgeois font toujours face à une baisse de fréquentation et de consommation, les obligeant à s'adapter à ce nouveau marché.
La plus grosse boîte de nuit du canton, Globull, n'y échappe pas. Jessica Millasson, co-directrice de l'établissement bullois, observe ces changements dans les habitudes des noctambules. "Au niveau de l'affluence, on le ressent", explique-t-elle. Et elle n'est pas la seule. Ebullition a récemment compté sur un crowdfunding pour tenir à flot. "Les gens consomment moins", expliquait en octobre Antoine Jacquat, le président de l'établissement.
Du côté de l'Après aussi, si sa récente fermeture n'était pas une question financière, l'ancien gérant Olivier Murith sentait que la fréquentation n'avait pas retrouvé les niveaux d'avant covid. À Fribourg, plusieurs établissements, comme Fri-Son ou le Nouveau Monde, font face à des défis financiers.
À la recherche de soirées "personnalisées"
Ces baisses de fréquentation et de consommation, couplées à une hausse des charges, pèsent sur le monde de la nuit. Mais comment expliquer ce changement? Privés de sortie pendant la crise sanitaire, les jeunes n'ont maintenant plus les mêmes attentes en soirée, estime Jessica Millasson. "Ils préfèrent la qualité à la quantité."
L'exemple de Globull est parlant: "Nous avons moins cette clientèle qui sort simplement par envie d'aller en boîte de nuit ou parce que c'est la suite logique d'une soirée. Les jeunes cherchent maintenant plutôt des offres personnalisées, des styles musicaux ou des artistes en particulier." Ce qui rend les choses plus difficiles pour la programmation du club.
Repenser son offre
Jessica Millasson souligne qu'il n'y a pas que des côtés négatifs à cette situation. Cette envie de sortir pour des raisons particulières amène en effet un public plus attaché au concept et à l'établissement. "L'ambiance est bien plus qualitative, parce que les gens qui sont là ne s'y sont pas retrouvés par hasard en fin de soirée et ont vraiment envie d'en profiter."
Cette nouvelle dynamique pousse aussi l'établissement à repenser son offre et sa communication. "Au niveau de la programmation par exemple, on a clairement fait un virage vers des styles beaucoup plus urbains que les styles électroniques, qui deviennent de plus en plus de niche", explique André Guerra, co-directeur de Globull et responsable de la programmation et de la communication du club.
De manière générale, l'établissement cherche aussi plus de partenariats avec des personnes ou des sociétés pour des soirées co-organisées avec d'autres acteurs de la vie nocturne. "Avoir plusieurs acteurs touche une clientèle plus vaste", note Jessica Millasson.
Pour l'instant, les principaux établissements nocturnes du canton tiennent le coup. Ils s'adaptent, organisent des actions de soutien, et les fréquentations continuent d'augmenter petit à petit. Certains ont même déjà retrouvé des chiffres pré-covid, à l'image du Crapule Club à Fribourg.